Salon du retour au péi : une initiative pour faciliter la réinstallation des Réunionnais
Ecrit par Thierry Lauret – le mardi 27 août 2024 à 16H43
Lindsay Gopal, présidente de Réunionnais de retour au péi.
« Avant d’être une association, c’était une page Facebook que j’avais créée en 2019, deux ans après mon retour dans l’île. Je me suis sentie assez isolée à mon retour, et en croisant par hasard des personnes ayant vécu le retour au péi, je me suis aperçue que ça intéressait du monde, que c’était une thématique sur laquelle on pouvait échanger. »
Un an plus tard, en en mars 2020, Lindsay Gopal fonde l’association Réunionnais de retour au péi, avec des membres de son groupe Facebook. « Cela coïncidait avec la période Covid, on a beaucoup échangé en visio, cela permettait de garder un lien social », retrace celle qui préside encore l’association aujourd’hui.
Aux premières rencontres informelles succèdent des pique-niques, où se tissent les connexions du futur réseau qui fera la renommée de l’association. Le principe consiste à partager son expérience, ses informations ou ses contacts pour faciliter le parcours du combattant des Réunionnais qui veulent revenir s’installer dans l’île, après l’avoir quittée, le plus souvent, pour des études ou un travail.
Dès 2022, l’association organise son premier Salon du retour au péi au village Corail de Saint-Gilles, un événement qui sera renouvelé ce samedi 31 août à partir de 14 heures. Les organisateurs espèrent accueillir une centaine de personnes, et une centaine d’autres sur internet lors des deux webinaires portant sur la recherche d’emploi (28 août à 11h30, heure de Paris) et la création d’entreprise (5 septembre à 11h, heure de Paris).
« Les entreprises sont très demandeuses de profils de personnes de retour au péi »
« On organise deux ron kozé qui portent plutôt sur la désillusion liée aux opportunités de boulot ou de salaire, et sur la différence de perception qu’on a de La Réunion quand on vient en vacances et celle qu’on a quand on s’y installe. Quand on revient, on ne se dit pas tout de suite : je vais devoir me réhabituer. On ne se pose pas la question de savoir s’il faudra se réapproprier cette façon de vivre. Certains évoquent la difficulté de retrouver sa place dans la société. On part souvent très jeune et notre construction, en tant qu’adulte, s’est faite en dehors du département », contextualise Lindsay Gopal.
Lors d’une enquête en ligne réalisée entre août et octobre 2021 sur un panel retenu de 828 personnes (dont 488 installées à l’époque hors du département et 64% de femmes au total), l’association Réunionnais de retour au péi a pu dresser des profils de candidats à une réinstallation dans l’île, ou de personnes ayant déjà réalisé la démarche.
Sans surprise, on retrouve de nombreux diplômés de l’enseignement supérieur, mais aussi des personnes parties pour des raisons professionnelles. Si la synthèse des réponses obtenues permet de mieux cerner les principaux freins au retour dans l’île, l’enquête constitue par ailleurs un levier pour l’association visant à démontrer aux institutions la nécessité de proposer un guichet unique d’aide à ces personnes confrontées à la difficulté de se loger, de financer leur déménagement ou de trouver un emploi.
«On n’est pas en mesure de proposer un service d’accompagnement pour le moment. On s’est mis en réseau avec des cabinets de recrutement, des entreprises et on aimerait bien avoir des partenariats avec Ladom ou la Région. L’idée c’est de se faire financer par les institutions pour avoir deux salariés qui fourniraient des conseils sur le retour, y compris dans les démarches pratiques comme le déménagement. La problématique quand on revient, en premier lieu, c’est de trouver un emploi. Mais on s’aperçoit que les entreprises sont très demandeuses de profils de personnes de retour au péi », assure Lindsay Gopal.
Pour l’heure, l’association n’a pas reçu de réponse à ses demandes de subvention adressées à la Région. La structure entend en outre se positionner à nouveau sur un appel à projet du ministère des Outre-mer portant sur le volet du retour au pays, après une précédente tentative restée infructueuse.
« 77%, des Réunionnais de l’Hexagone aimeraient rentrer »
« Il y a encore des questionnements au sein de certaines institutions comme : est-ce que les Réunionnais veulent vraiment rentrer au pays ? À 77%, les Réunionnais de l’Hexagone aimeraient rentrer, notre enquête était là pour étayer nos propos. Et déterminer aussi quelles sont les attentes : les personnes attendent des aides au retour calquées sur les aides au départ », avance la présidente de l’association.
La mise en place du passeport retour de Ladom, en attente d’un décret d’application, est perçue comme une avancée, mais pas comme la panacée. Si ce passeport retour calqué sur le passeport mobilité doit garantir la prise en charge du billet d’avion, ainsi qu’une prime d’installation permettant de financer le déménagement par conteneur dont le montant n’est pas encore défini, le dispositif ne pourrait en réalité concerner qu’un public cible limité, uniquement constitué des bénéficiaires de Ladom lors de ces dix dernières années.
Les nombreux Réunionnais qui ont quitté l’île avec le CNARM, par exemple, ou ceux partis par leurs propres moyens, ne devraient donc pas être éligibles au passeport retour de Ladom.
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