Actus Réunion

Antisémitisme et anti-immigration : décryptage dans le podcast de Pierrot

Dans l’attente de la riposte iranienne, qui elle-même entrainera une réponse israélienne, au risque d’embraser tout le Moyen Orient et voire même le monde, je vous propose d’en revenir, au moins pour aujourd’hui, à de la basse politique politicienne hexagonale.

Tout est parti il y a environ une semaine, de l’assassinat par les Israéliens à Téhéran du leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Un islamiste terroriste responsable de l’assassinat de 1.200 civils juifs, dont 42 Français.

Peu de réactions en France mise à part celle très remarquée de Sophia Chikirou, qui a relayé sur X un vibrant hommage au leader du Hamas agrémenté de citations d’Ismaïl Haniyeh et de son fils avec un portrait élogieux de l’intéressé, un historique de son parcours, le tout agrémenté de plusieurs publications du collectif Urgence Palestine.

Ce qui lui a valu une plainte de l’Union des étudiants juifs de France pour « apologie du terrorisme ». « En présentant le responsable d’une organisation terroriste comme un ‘martyr’ responsable d’une organisation de ‘résistance’ et en passant sous silence ses crimes visant délibérément des civils, Urgence Palestine et Sophia Chikirou entendent présenter Ismaïl Haniyeh comme un homme respectable digne d’éloge et d’hommages appuyés », a dénoncé l’UEJF. L’association, qui a saisi le parquet national antiterroriste, a également indiqué qu’elle sollicitera la levée de l’immunité parlementaire de la députée Insoumise.

Or Sophia Chikirou n’est pas n’importe qui et ses prises de position ne sont pas à prendre à la légère. Souvent présentée comme la compagne de Jean-Luc Mélenchon, il est clair que quiconque s’en est pris à elle au sein de La France Insoumise s’en est cruellement mordu les doigts. La critiquer, c’est comme critiquer Jean-Luc Mélenchon. Impensable ! Ou alors c’est la porte, comme ont pu le constater les membres de la dernière fournée d’exclus de LFI.

C’est la même Sophia Chikirou qui avait déclaré à propos des socialistes : « Le hollandisme c’est comme les punaises de lit : tu as employé les grands moyens pour t’en débarrasser, tu y as cru quelque temps et tu as repris une vie saine mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout… Il va falloir recommencer ! ». Sans que cela ne suscite la moindre réaction de la part de Jean-Luc Mélenchon et des autres leaders de LFI…

Sophia Chikirou, c’est celle qui dit tout haut ce que pensent Jean-Luc Mélenchon ainsi que la plupart des membres de LFI. A commencer par Rima Hassan et les députés qui ont brandi un drapeau palestinien au sein de l’Assemblée nationale, au mépris de toutes les règles qui la régissent. C’est en ça que son tweet est à prendre au sérieux.

Face à cela, quelles sont les réactions des autres responsables politiques du Nouveau Front Populaire ? Inexistantes en ce qui concerne les Verts, que l’on a connu plus prolixes et réactifs, ou le PCF.

Seuls les socialistes ont réagi. Mollement. Très mollement.

Sur X, Olivier Faure republie un tweet de la porte-parole du PS, qui écrit : « Penser que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, négociateur du Hamas pour un cessez-le-feu et la libération des otages, ne fera que renforcer la branche militaire du Hamas et nous éloigne de la paix est une chose. Relayer des contenus qui l’érigent en martyr en est une autre, indigne. Cet homme fut le chef de la branche politique du Hamas, mouvement ouvertement antisémite et prônant la destruction de l’État d’Israël. Il dansait sur l’assassinat de civils israéliens le 7 octobre ». Jusque-là, rien à dire. Sauf que dans ses commentaires, Olivier Faure ramène les déclarations de la députée Insoumise à des « provocations qui ont pour seul effet de susciter des polémiques qui minent le travail collectif » et des propos qui « n’engagent qu’elle ». « Provocations » ? Le terme est plus que faible dès lors qu’il n’est que le dernier élément d’une longue série de déclarations qui vont toutes dans le même sens et qui relèvent du pénal.

Pas questions cependant pour le premier secrétaire du PS de remettre en cause l’accord avec La France Insoumise. Comme je l’ai déjà écrit précédemment, l’honneur des socialistes vaut moins que quelques communes que le PS espère conserver ou conquérir lors des prochaines municipales grâce à l’union avec LFI.

Ce tweet de Sophia Chikirou à propos de l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh n’est pas le seul à faire polémique ces derniers jours. La députée Insoumise a également republié un tweet de Wikileaks laissant entendre qu’il n’y avait pas de fraude électorale au Venezuela mais qu’il s’agit en fait d’un complot de la CIA. Cela au moment même où les Vénézuéliens descendent en masse dans les rues pour contester les résultats des élections, où ils subissent une répression féroce avec l’armée qui tire à balles réelles sur les manifestants occasionnant déjà au moins 13 morts et des centaines de blessés et où la grande majorité des Etats, dont l’Europe, les Etats-Unis et la plupart des dirigeants d’Amérique latine, refusent de reconnaitre l’élection de Nicolas Maduro et parlent de fraude électorale massive.

Mais bizarrement, Sophia Chikirou est la seule à LFI à avoir pris position. Les autres leaders, au premier rang desquels Jean-Luc Mélenchon, sont étrangement silencieux, eux si prompts à commenter tout ce qui bouge.

Il faut dire que cette affaire est très embarrassante pour le lider maximo de LFI, lui qui affirmait que la Bolivie avait « fait progresser de façon considérable la démocratie » et prend pour modèle la politique économique et sociale du Venezuela. Cela passe par, je cite Christophe de Voogd dans le Figaro, des « expropriations, [un] dirigisme bureaucratique, et [des] largesses sociales financées par les spoliations et le pétrole ». Et au niveau institutionnel, « avec notamment le recours à une assemblée constituante omnipotente qui a permis à Chavez d’établir son régime et à Maduro d’étouffer l’opposition ».

Le professeur à Sciences Po poursuit : « le cocktail politique chaviste, mi-électoral, mi-insurrectionnel inspire Jean-Luc Mélenchon comme en témoigne sa vision de la prise du pouvoir développé dans son blog personnel : « La première phase peut être dite ‘instituante’. L’acteur social s’avance sur la scène, formule ses revendications. Il s’institue. Progressivement il élargit sa base à des catégories sociales de plus en plus nombreuses et diverses. Cet acteur s’auto-désigne lui-même ‘le peuple’. […] La phase suivante est ‘destituante’. La forme est une mise en cause générale de la légitimité des autorités politiques. [Elle] est caractérisée par l’affrontement plus ou moins violent avec les personnages représentant le monde politique gouvernemental, les médias, mais aussi parfois les élus en général […]. La dernière étape est ‘constituante’. Deux cas se présentent. Premier cas, au sens littéral, la revendication d’une nouvelle organisation des pouvoirs publics et des droits individuels provoque la convocation d’une Assemblée constituante (Venezuela, Équateur, Tunisie, Chili). Deuxième cas, des forums publics, des assemblées se mettent à discuter des formes que devrait avoir un État juste (Indignados Puerta del Sol en Espagne, Nuit debout à Paris) ».

Tout est dit. Et le pire, c’est qu’il ne s’en cache même pas.

Et là encore, au risque de me répéter, voilà avec quel parti les socialistes ont choisi de s’allier. Et d’être les complices objectifs.

Pour équilibrer un peu, voyons ce qui se passe de l’autre côté de l’échiquier, du côté de l’extrême droite.

En France, ils font profil bas, tout à leur volonté affichée de « normalisation ». Il faut donc traverser la Manche pour avoir une idée de leur comportement. Des manifestations violentes initiées par l’extrême droite secouent le Royaume-Uni depuis un moment déjà et ont pris une tournure inquiétante ces derniers jours.

Tout a commencé après que des rumeurs se soient propagées sur les réseaux sociaux concernant l’origine et la religion de l’agresseur présumé d’une attaque ayant tué trois fillettes lundi à Southport. Informations fausses puisque l’agresseur était né en Grande Bretagne et qu’aucune preuve n’a pu être apportée quant à la religion qu’il pratique. Il n’en a cependant pas fallu plus pour déclencher une vague de protestations anti-immigration, marquée par des incidents violents et des tensions croissantes.

Les manifestations, souvent dirigées contre des mosquées ou des lieux d’hébergement de demandeurs d’asile, ont débuté en début de semaine suite à des rumeurs relayées par des influenceurs d’extrême droite. À Rotherham et dans plusieurs autres villes, des centaines de personnes ont attaqué des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, brisant des vitres et lançant des projectiles sur la police.

Le pays n’avait pas connu une telle vague de violences depuis plus d’une décennie. Le premier ministre Keir Starmer, confronté à sa première grande crise depuis son entrée en fonction, a multiplié les déclarations de fermeté contre ce qu’il appelle une « haine d’extrême droite ».

Ces événements sont exacerbés par la montée d’un discours anti-immigration dans la classe politique britannique, notamment avec la progression du parti Reform UK lors des dernières élections législatives, où il avait obtenu 14% des voix.

Ça ne vous rappelle rien ? Tout est sous nos yeux et nous continuons à faire comme si nous ne voyions et ne comprenions pas. Au premier tour des élections législatives, le RN a obtenu 29,5%, auxquels il faut ajouter les 4% d’Éric Ciotti. Difficile de quantifier exactement le nombre de voix de LFI puisqu’il est noyé dans l’ensemble du Nouveau Front Populaire. Mais une chose est sûre, en pourcentage, le RN et LFI représentent bien plus de 50% des suffrages. Et ça continue à n’inquiéter personne ?

Source

Zinfos974

Add comment