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Préoccupations concernant l’avenir d’un hôpital important à Gaza: quels sont les impacts potentiels?

Le sort d’un grand hôpital du sud de la bande de Gaza suscite des inquiétudes croissantes vendredi, après une opération de l’armée israélienne qui en a pris le contrôle et la mort, selon le Hamas, de plusieurs malades faute d’oxygène.

La communauté internationale multiplie pendant ce temps ses appels pour dissuader Israël de lancer une offensive d’envergure dans la ville surpeuplée de Rafah, où sont piégés près d’un million et demi de civils contre la frontière fermée avec l’Egypte.

Les combats entre l’armée et le mouvement islamiste palestinien font rage à quelques kilomètres plus au nord dans la ville de Khan Younès, transformée en champ de ruines.

L’armée a annoncé jeudi y avoir mené une opération dans l’hôpital Nasser, le plus grand du sud de Gaza, expliquant avoir reçu “des renseignements crédibles” selon lesquels le Hamas y aurait retenu des otages et “qu’il y aurait peut-être des corps d’otages” sur place.

Elle a affirmé vendredi y avoir arrêté “plus de 20 terroristes qui ont participé” aux attaques sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, parmi des “dizaines de suspects” interpellés.

L’armée a ajouté avoir retrouvé dans les environs du complexe “des restes d’obus de mortier, grenades et d’autres armes appartenant” au Hamas, qui a selon elle utilisé l’hôpital pour faire feu sur les forces israéliennes ces dernières semaines.

Des malades en danger

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les soldats ont pris le contrôle de l’hôpital et quatre patients sont morts à la suite de coupures d’électricité qui ont provoqué l’arrêt de la distribution d’oxygène après cet assaut.

Le ministère a ajouté craindre pour la vie de neuf autres patients en soins intensifs et à la pouponnière, et tenir “les forces israéliennes pour responsables de la vie des patients et des équipes” sur place.

Jeudi, le ministère avait indiqué que plusieurs centaines de patients, personnel médical et autres civils se trouvaient encore à l’intérieur du complexe.

Des médecins ont décrit une situation intenable dans cet hôpital cerné par les combats, où s’étaient réfugiés des milliers de déplacés avant de commencer à fuir dans des conditions chaotiques.

Médecins sans Frontières a affirmé jeudi qu’une de ses équipes continuait à travailler dans l’hôpital Nasser “dans des conditions quasi impossibles”.

Un membre du bureau politique du Hamas, Izzat al-Rishq, a qualifié vendredi de “mensonge” les accusations israéliennes selon lesquelles l’hôpital Nasser, comme d’autres dans le territoire, serait utilisé comme une base par le Hamas.

Des témoins ont signalé des combats pendant la nuit à Khan Younès, dans le nord-est de Rafah, ainsi que dans l’est de la ville de Gaza, dans le nord. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un bilan de 112 morts en 24 heures.

Selon le bureau de presse du gouvernement du Hamas, les tirs de chars se sont poursuivis à Khan Younès et à Rafah, ainsi qu’à Zaytoun et à Jabaliya, dans le nord.

L’armée a déclaré qu’elle continuait à mener des raids “ciblés” dans le sud de Gaza, notamment à Khan Younès où “12 terroristes ont été tués”.

“Dernier bastion”

La guerre a été déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Israël a juré d’anéantir en représailles le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. L’offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait 28.775 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis de détruire le “dernier bastion” du Hamas à Rafah et annoncé une “action puissante” dans cette ville. Il a assuré que l’armée permettrait auparavant aux civils “de quitter les zones de combat”, sans expliquer vers quelle destination.

Cette ville, transformée en un gigantesque campement, abrite, selon l’ONU, 1,4 million de Palestiniens, dont beaucoup déplacés à plusieurs reprises depuis le début de la guerre. “Plus de la moitié de la population gazaouie s’entasse dans moins de 20 % de la bande de Gaza”, a résumé l’ONU.

Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Egypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée par la famine et les épidémies.

Le président américain, Joe Biden, a réitéré jeudi à Benjamin Netanyahu, lors d’une conversation téléphonique, son opposition à une telle opération “sans un plan crédible et réalisable assurant la sécurité des civils à Rafah”, selon la Maison Blanche.

Accord espéré avant le ramadan

Joe Biden a également “réaffirmé son engagement à travailler sans relâche pour assurer la libération de tous les otages dès que possible”.

Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées sur son territoire le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

Des négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations se poursuivent au Caire par l’intermédiaire des pays médiateurs, Qatar, Egypte et Etats-Unis.

Selon le Washington Post, les Etats-Unis et plusieurs pays arabes élaborent un plan global destiné à établir une paix israélo-palestinienne durable.

Ce plan prévoirait un cessez-le-feu “d’une durée prévue d’au moins six semaines”, la libération des otages israéliens, ainsi qu’un calendrier pour l’établissement à terme d’un Etat palestinien, une perspective rejetée par le gouvernement Netanyahu.

Source

Le Quotidien

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