Actus Réunion

Crise dans le camp présidentiel : Bayrou ouvre la porte à un remaniement

François Bayrou ouvre une crise dans la Macronie en excluant son retour au gouvernement en invoquant une absence d' »accord profond » et une « dérive » vers une « technocratie gestionnaire ». L’annonce de la deuxième moitié de l’équipe de Gabriel Attal est attendue jeudi.

« Sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement », a confié mercredi soir le président du MoDem à l’AFP, mettant fin à 48 heures de spéculation sur un éventuel retour au gouvernement du principal allié d’Emmanuel Macron.

Sur l’Education nationale ou la Réforme de l’Etat, les deux domaines prioritaires à ses yeux où il aurait aimé être impliqué, M. Bayrou a constaté « une différence d’approche sur la méthode à suivre » qui lui a semblé « rédhibitoire ».

A tel point qu’au milieu de la nuit, un proche collaborateur de M. Bayrou a reconnu ouvertement que la maintien du parti centriste dans la majorité se posait.

Le MoDem est « membre à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays », a clarifié François Bayrou jeudi matin sur franceinfo.

Mais il a utilisé des termes très forts pour justifier le fait qu’il ne deviendra pas ministre de l’Education nationale, poste pour lequel il a mené de nombreuses discussions avec les deux dirigeants de l’exécutif depuis sa relaxe judiciaire lundi, ni de la Réforme de l’Etat, portefeuille auquel il aurait pu postuler.

Pour le dirigeant centriste de 72 ans, « le pays a besoin de plus de compréhension politique de ce qui se passe à la base et de moins de technocratie gestionnaire ». « Il y a une dérive, le moment est venu de remettre les choses à l’endroit », a-t-il insisté, regrettant que le chef de l’Etat et ses troupes « gouvernent comme avant » alors qu’ils avaient promis en 2017 de « gouverner autrement ».

Mais la sortie de François Bayrou a suscité des critiques au sein même de son parti. Il « affaiblit » la majorité et « discrédite » le MoDem, a accusé le député Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et figure du parti.

« Sensibilités »

Le leader centriste a également critiqué les intentions de Gabriel Attal pour l’école, alors qu’il s’agit d’une priorité pour celui qui est passé de l’Education à Matignon.

Au sommet de l’Etat, on a tenté de minimiser la situation. Aucun commentaire de l’entourage du Premier ministre, tandis qu’un proche d’Emmanuel Macron a relevé que « quand on est un mouvement avec différentes sensibilités, il faut accepter parfois qu’elles s’expriment ».

La sortie fracassante de François Bayrou a retiré le poids de son éventuel retour au gouvernement, ce qui a retardé le dénouement du remaniement.

L’annonce de la liste des personnalités appelées à compléter les 14 ministres nommés le 11 janvier est attendue jeudi vers la mi-journée, a confirmé l’entourage du président.

Mais en insistant sur ses divergences politiques, le Béarnais a aussi ouvert de nouvelles incertitudes sur les équilibres de ce casting si complexe.

A l’Education nationale, le nom qui tient la corde est celui de Nicole Belloubet, ministre de la Justice de 2017 à 2020, première moitié du quinquennat d’Emmanuel Macron. Outre son expérience gouvernementale, Mme Belloubet, âgée de 68 ans et issue du Parti socialiste, a également été rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005.

La ministre actuelle, Amélie Oudéa-Castéra, pourrait être rétrogradée pour ne garder qu’une partie de ses attributions, notamment les Jeux olympiques.

« Bienvenue dans l’opposition »

Malgré l’assurance du maintien du MoDem dans la majorité, les oppositions ont immédiatement humé le parfum de crise politique.

« Une majorité de plus en plus relative… ! Bienvenue au MoDem dans l’opposition », a ironisé le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud.

« Du coup, si Bayrou veut être cohérent, l’ensemble des ministres MoDem doivent quitter le gouvernement », a pour sa part estimé le député LR Pierre-Henri Dumont.

Englué dans le casse-tête de cette liste additionnelle, qui doit respecter les équilibres politiques et territoriaux ainsi que la parité hommes-femmes, Gabriel Attal se déplacera jeudi à la mi-journée dans le Pas-de-Calais auprès des victimes des inondations, auxquelles il avait réservé son premier déplacement et promis de revenir.

Source

Le Quotidien

Add comment