La Cour constitutionnelle du Pérou ordonne la libération “immédiate” de l’ancien président Alberto Fujimori, âgé de 85 ans et condamné en 2009 à une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité.
Selon une ordonnance consultée par l’AFP, la Cour constitutionnelle “ordonne” la libération “immédiate” de l’ancien président (1990-2000) jugé coupable de la mort de 25 personnes dans deux massacres perpétrés par un commando de l’armée dans le cadre de ce qui avait été appelé la guerre contre le terrorisme (1980-2000).
La Cour, dont l’ordonnance ne peut pas faire l’objet d’un appel, rétablit ainsi la grâce accordée à M. Fujimori en 2017 et qui avait été révoquée deux ans plus tard par la Cour suprême.
La juridiction, qui veille au respect des droits fondamentaux consacrés par la Constitution, avait déjà ordonné en mars 2022 la libération de M. Fujimori, qui souffre de nombreux problèmes de santé. Mais quelques semaines plus tard la Cour interaméricaine des droits de l’homme, basée au Costa Rica, avait ordonné à l’Etat de “s’abstenir d’exécuter” cette décision.
Le pays, alors dirigé par le président de gauche Pedro Castillo, s’était conformé à la décision.
La famille de l’ancien chef d’Etat, détenu dans la petite prison de Barbadillo située dans une caserne de police de la capitale, a demandé à maintes reprises sa remise en liberté pour raisons de santé.
L’ancien président souffre de manière récurrente de problèmes respiratoires et neurologiques, dont des paralysies faciales, et d’hypertension.
M. Fujimori a été hospitalisé à plusieurs reprises au cours des dernières années, dont la dernière en février, en urgence, pour “irrégularité du rythme cardiaque”.
Main de fer
L’avocat de l’ancien président, Elio Riera, s’est rendu à la prison de Barnadillo pour y accomplir les démarches administratives nécessaires à la libération de M. Fujimori.
“Le président s’est montré très content, il a reçu l’ordonnance avec beaucoup de joie”, a déclaré l’avocat à la radio RPP.
Un groupe de sympathisants vêtus de t-shirts blancs arborant le message “Fujimori liberté” était aussi présent. La sécurité a été renforcée aux abords de la prison, selon des images des chaînes de télévision privées.
L’Association pour les droits humains (APRODEH) a elle condamné la décision, estimant qu’il s’agit d’un pied de nez à la Cour interaméricaine.
Alberto Fujimori a gouverné le Pérou d’une main de fer mais, face à une opposition croissante, il s’était enfui en novembre 2000 au Japon, d’où sa famille est originaire. C’est par fax qu’il avait annoncé alors renoncer à son mandat. Extradé ensuite du Chili en 2007, il avait été condamné et emprisonné deux ans plus tard.
Malgré la demande de “pardon” formulée en 2017 par l’ancien homme fort du pays pour les actes commis par son gouvernement, Alberto Fujimori a divisé les Péruviens comme peu d’hommes politiques l’ont fait dans l’histoire du pays andin de 32 millions d’habitants.
Pour certains, celui que l’on surnomme “El Chino” (le Chinois) est l’homme qui a dopé l’essor économique du pays par ses politiques ultra-libérales, et combattu avec succès les guérillas du Sentier lumineux (maoïste) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (guévariste).
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