La cheffe des Écologistes Marine Tondelier, fortement indignée, dénonce une purge et convoque la direction de son parti EELV.
Le Secrétaire général du PS, Olivier Faure, accuse La France insoumise de ternir l’image du Nouveau Front populaire par des décisions irresponsables et s’efforce de résoudre l’éviction scandaleuse.
Les protestations proviennent de deux causes : Adrien Quatennens, proche de Jean-Luc Mélenchon et député sortant du Nord, condamné en 2022 à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a été réinvesti vendredi soir par le parti de gauche radicale.
Cependant, Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que Raquel Garrido et Alexis Corbière, députés de Seine-Saint-Denis, opposés à la ligne du tribun, ont été brusquement écartés et remplacés par d’autres candidats inconnus du grand public.
Alexis Corbière tonne: « Un parti politique émancipateur ne fonctionne pas comme une entreprise privée où le patron vous licencie car il ne peut plus vous encadrer », accusant Jean-Luc Mélenchon de régler ses comptes avec ses anciens proches.
« Nous n’avons pas pris cette décision de façon autoritaire, nous avons eu des retours de militants et nous avons maintenant des candidatures de figures qui incarnent le Front populaire », a soutenu un proche du fondateur de LFI à l’AFP.
Cependant, une question persiste : les divisions au sein de LFI ne risquent-elles pas d’affaiblir le Nouveau Front populaire, à deux semaines du premier tour ?
François Ruffin lance un appel: « Les ‘purgés’ doivent être soutenus. Et l’accord doit être maintenu, le programme doit être défendu. La campagne doit être menée.
Mais « il faut être fou pour penser que de telles méthodes n’auront pas d’impact sur la mobilisation », regrette Alexis Corbière.
– Ligne unitaire –
Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Alexis Corbière ont annoncé qu’ils maintiendront leur candidature aux législatives, même sans l’étiquette du Nouveau Front populaire.
Cela laisse entrevoir une division des voix, même si leurs circonscriptions, plutôt populaires, semblent promises à la gauche, avec ou sans le logo de LFI.
« Ces personnes prévoyaient de ne pas être dans notre groupe parlementaire après l’élection », accuse un proche de Jean-Luc Mélenchon. Leur éviction « n’entravera pas le lancement du Front populaire, on ne parle que de personnes », assure la même source.
Deux autres députés sortants, Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine), ne figurent pas non plus sur la liste des candidats de La France insoumise pour le scrutin des 30 juin et 7 juillet.
Aux yeux de la direction, ces cinq élus sont coupables d’avoir critiqué le manque de démocratie au sein du mouvement et, selon M. Corbière, d’avoir prôné une ligne plus unifiée, alors que les divisions s’intensifiaient entre les différentes formations de gauche.
Leur éviction semble donc paradoxale alors que l’unité vient d’être réalisée avec la création du Nouveau Front populaire.
– « Sans laisse ni muselière » –
« L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Et que font-ils ? Ils divisent. Ils écartent des candidats sortants, simplement parce qu’ils ont une parole libre, sans laisse ni muselière », dénonce également François Ruffin.
Moins médiatique que d’autres dans sa critique de la machine insoumise, le député de la Somme semble officialiser sa rupture avec LFI dès vendredi soir.
Il a d’ailleurs été nommé « porte-parole de Picardie Debout », son micro-parti, et associé aux candidats d’ouverture, comme Philippe Poutou.
Clémentine Autain, une autre frondeuse en conflit avec la direction insoumise, accuse cette dernière de décourager la participation politique.
Un autre sujet qui pourrait semer la discorde au sein du Nouveau Front populaire est la candidature de François Hollande, qui a surpris même dans les rangs socialistes et dont le bilan au pouvoir est critiqué par une grande partie de la gauche.
« Peut-on croire que M. Hollande a soudainement changé ? Qu’il est désormais en faveur de la retraite à 60 ans, de l’indexation des salaires sur l’inflation ? Je doute », s’interroge François Ruffin lors de la manifestation à Amiens contre l’extrême droite.
Add comment