Tout commence au mois de février lorsque les étudiants de compta de l’université se renseignent sur les possibilités offertes à l’issue de leur année de master. Certains décident d’entrer dans la vie active lorsque d’autres se donnent encore un ultime objectif pour acquérir une compétence supplémentaire. C’est dans cette dernière voie que David s’oriente. Comme sept autres camarades de promo, il veut tenter une prépa au diplôme supérieur de comptabilité et de gestion, le fameux DSCG qui fait autorité au sein de la profession. « La différence entre le master et le DSCG est significative », explique David. Le DSCG marque en effet une première étape pour décrocher plus tard le DEC, le diplôme d’expertise comptable.
Pour y parvenir, rien de mieux qu’une prépa qui sert de rampe de lancement avec ses cours intensifs, ses intervenants du monde pro et son ambiance consacrée au bachotage. David candidate alors pour un centre de formation au cours du premier trimestre 2022. Le droit d’entrée à ce centre de formation n’est pas donné mais il est à la hauteur de l’entrainement intensif et des moyens d’apprentissage mis à la disposition des étudiants : 5000 euros les 4 mois de prépa (de juillet à octobre) avec pour seul horizon le concours du DSCG en octobre 2022.
La prépa ne peut fonctionner qu’avec un nombre suffisant de candidats
Au vu du coût de la prépa, David se tourne comme tous ses camarades de promo vers la Région et Pôle Emploi, les deux institutions qui peuvent donner un coup de pouce à chaque étudiant qui ne peut payer la formation sur fonds propres. La Région et Pôle Emploi peuvent ainsi intervenir à parts égales, c’est-à-dire 2500 euros chacune.
« C’est la prépa elle-même qui nous a donné la démarche à suivre pour pouvoir décrocher ces aides. La prépa a l’habitude car chaque année ça se passe comme cela et tout à fait normalement », nous explique David pour montrer que rien ne présageait la survenue d’un couac administratif.
Pendant quelques semaines, le jeune homme contacte la Région mais son service dédié à la formation demeure difficilement joignable. « Une fois, le téléphone a décroché et on m’a dit que le budget n’avait pas encore été voté », rapporte-t-il l’échange obtenu courant du mois de mars. Les semaines passent sans plus de résultat mais, flairant la lenteur administrative venir briser ses ambitions de faire cette prépa, le jeune étudiant boursier décide de contracter un prêt étudiant. « On sait jamais, ne voyant rien venir du côté de la Région, j’ai préféré anticiper », nous dit-il. Un seul de ses camarades fera comme lui. Les six autres ont préféré attendre des news de la Région.
Mais ils seront finalement tous logés à la même enseigne. Tout ce petit monde sera stupéfait d’apprendre le 25 mai, soit un mois avant le début de la prépa en ce début juillet, que leur centre de formation avait décidé de jeter l’éponge, faute d’élèves en nombre suffisant pour entrer dans ses frais. Comme une double peine, donc, le couac administratif régional a déteint sur le nombre de candidats qui pouvaient financièrement s’inscrire dans cette prépa au coût particulièrement onéreux.
Il faut savoir que, dans ce schéma d’aides publiques faisant intervenir plusieurs institutions, l’une attendait que l’autre enclenche la décision avant de prendre la sienne… Ce qui fait qu’au final, les demandeurs n’ont rien eu de Pôle emploi parce que la Région tardait à répondre aux élèves. « Lorsque je m’étais renseigné auprès de Pôle emploi, ils m’avaient dit qu’ils ne débloquaient leur partie à eux que lorsque l’école et la Région avaient validé de leur côté », détaille David.
C’est donc en candidat libre qu’il tentera l’examen du DSCG en octobre prochain. Les épreuves ont l’avantage de se dérouler à La Réunion même. C’est déjà ça en moins à dépenser dans un billet d’avion et des nuits d’hôtel sur Paris.
« On peut se préparer tout seul au DSCG mais c’est pas pareil. Déjà avec une prépa, il est difficile à décrocher… Bref, je sais déja que je pars avec un handicap », souffle David qui se préparera tant bien que mal en travaillant à mi-temps. « J’ai pu trouver un employeur qui a accepté que je travaille à temps partiel. 3 jours dans la semaine », explique-t-il sa situation.
Etonnamment, il reçoit beaucoup plus d’aide pour les formations moins qualifiantes
« J’aurais pu effectuer une prépa en métropole mais de ce que j’ai vu, elle était moins intéressante. Elle m’aurait coûté moins cher, si on peut dire, jusqu’à 2700 euros mais sans les à-côtés comme trouver un logement à Paris et l’avion », compare-t-il.
David retient de cette mauvaise expérience que les collectivités tiennent parfois un double discours qu’il a donc pu tester en vrai, malheureusement. « Aucun dispositif n’accompagne les jeunes dans ces formations hautement qualifiantes. Je trouve cela vraiment anormal, surtout que Pôle emploi m’a proposé de m’accompagner pour me former sur d’autres postes moins qualifiés. Et pour ma part, ce qui me choque, c’est de vanter les dispositifs d’accompagnement pour se former en métropole ou au Canada alors qu’à La Réunion même ils ne le font pas », s’en désole le futur comptable.
S’il venait à ne pas décrocher le DSCG cette année, il le retentera l’an prochain en espérant cette fois que la Région soit au rendez-vous et qu’une école propose localement une formation. « Mon but est de parler de ce dysfonctionnement afin que l’offre de formation soit de nouveau ouverte dès l’année prochaine à l’ensemble des demandeurs », avise-t-il.
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