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Chassée d’une rondavelle sur la plage de la Saline, elle attend un geste de Tamarun et de la mairie

Sous la pression des manifestants, la mairie de Saint-Paul décide de « rompre opportunément » la convention signée un an plus tôt avec Isabelle Bruneau, soutient son avocate. Ainsi, le 22 juin 2018, la mairie laisse à la nouvelle gérante un mois pour plier bagage.  

Dans le même temps, Isabelle Bruneau prend connaissance d’un post Facebook du collectif DPM. Celui-ci révèle que la rondavelle est tout bonnement située en zone rouge du plan de prévention des risques naturels (un zonage survenu toutefois après la construction de la paillote, ndlr). Isabelle Bruneau part s’enquérir auprès du cadastre et ne peut que constater l’implacable réalité. Elle n’est pas au bout de ses peines. Elle découvre que sa rondavelle numérotée EW335 sur le document authentifié devant notaire correspond en fait à la parcelle de… l’école élémentaire publique située juste à côté. En clair : l’AOT qui lui a été accordé par Tamarun repose sur du vide.

« J’apprends dans un premier temps que ma rondavelle est en zone rouge donc avec une interdiction de construire », se souvient-elle de son étonnement d’alors, « et dans un second temps je vais au cadastre et là j’apprends que j’ai signé chez le notaire la parcelle de l’école primaire… », nous raconte-t-elle son désarroi de l’époque. 

Dès qu’elle découvre cette étrange embrouille, « on entame tout de suite les procédures avec mon mari », raconte-t-elle, sans fermer la porte à un arrangement à l’amiable en tout premier lieu. Mais au lieu de reconnaître leurs torts, les institutions, notaire compris, se murent dans un silence gêné « comme s’ils attendaient que mon mari et moi on finisse au plus vite dans une boîte » (dans un cercueil, ndlr), nous livre-t-elle son impression quatre ans plus tard alors que le bras de fer n’est toujours pas terminé. « Du côté de la mairie, de Tamarun et du notaire, tout le monde fait le mort », affirme-t-elle. 

Le 21 juillet 2020, Isabelle Bruneau se voit donc dans l’obligation de porter plainte pour faux, usage de faux et escroquerie à l’encontre du notaire saint-paulois, de la SPL et de la mairie. 

Dans cette histoire, un allié indirect et improbable vient conforter la gérante dont l’AOT a été retiré « arbitrairement » du jour au lendemain : il s’agit de la sous-préfecture de Saint-Paul. « Le sous-préfet n’a jamais signé d’arrêté d’expulsion à mon encontre », signale-t-elle en guise de preuve que les torts ne sont pas à chercher de son côté.

Lors d’un échange en sous-préfecture de Saint-Paul justement, Isabelle Bruneau se souvient avoir poussé le raisonnement par l’absurde : « Je leur ai montré les copies du cadastre comme quoi j’étais installée sur la parcelle de l’école. De ce fait, j’aurais même pu remplacer la pancarte « école » par « restaurant » et même y installer mes planchas dans la cour de récréation », préfère-t-elle en rire aujourd’hui. « Juridiquement, on ne pouvait pas me chasser de l’école », soulève-t-elle l’incongruité de la scène si elle avait osé déployer ses tables dans la cour de l’école. 

Une nouvelle main tendue en mai dernier, toujours sans réponse 

Le 17 mai dernier, l’avocate d’Isabelle Bruneau a de nouveau tendu la main à la mairie de Saint-Paul mais c’est le même silence assourdissant qui prévaut jusqu’à présent. 

Dans ce courrier, l’ex-gérante offre une dernière chance à la mairie et à sa SPL Tamarun de reconnaître leurs torts. 

La restauratrice et son mari évaluent à ce jour leur préjudice financier à 140.000 euros, soit à la hauteur de l’investissement consenti pour démarrer leur commerce, mais aussi de 75.000 euros correspondant au prêt bancaire contracté ainsi qu’aux quatre années de salaires perdus du fait de l’absence d’activité. Un manque à gagner évalué à 192.000 euros. 

A cette addition déjà corsée, la plaignante soulève un préjudice d’ordre moral induit par la situation. Sans revenu, la plaignante se trouve menacée d’expulsion de son logement en location et son mari rencontre des problèmes de santé. 

Quant au cube de béton qui tient encore debout sur la plage de la Saline et qui correspondait à la partie cuisine de la rondavelle, il devrait connaître le même sort que la partie terrasse couverte balayée par une tractopelle récemment.

Source

Zinfos974

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