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Girondins de Bordeaux, un monument en passe de s’effondrer

Un monument qui s’effondre: avec la rétrogradation de Bordeaux en National (3e div.), confirmée mardi en appel dans l’attente d’ultimes recours, ce club historique du football français se retrouve menacé de liquidation, à la stupéfaction des supporters, des élus et d’ex-gloires des Girondins.

Le 5 juillet 2022 sera marqué d’une pierre noire à Bordeaux. Entre tristesse, amertume et sidération. « Je suis comme un zombie », a réagi la légende du club Alain Giresse auprès du quotidien Sud Ouest. « Où on va aller maintenant ? Quelle tristesse. Je n’aurais jamais imaginé que le club puisse en arriver là. »

Sur France Info, Bixente Lizarazu, ancien défenseur devenu consultant vedette, a évoqué « un désastre depuis la vente de M6 (fin 2018), avec d’abord la gestion américaine de GACP avec ces fameux fonds de pension et puis ensuite la gestion de Gerard Lopez. Ces gens-là, on se demande comment ils ont racheté le club, en tout cas ils étaient assez malins pour le racheter mais pas pour le gérer ».

Il y a un an, Lopez, avec l’aval de la DNCG et le soutien financier de deux fonds déjà présents auprès du club (King Street et Fortress), avait réussi à récupérer le patient girondin encore viable sportivement (12e en 2021) mais à l’agonie financièrement et promis, déjà, à une possible rétrogradation administrative en L2.

Salariés en sursis

La suite a été une succession de mauvais choix des hommes, d’erreurs de management, débouchant sur une calamiteuse 20e place de L1 en mai, avec des tensions tous azimuts en coulisses et un climat malsain au Haillan, siège d’un club désormais surdimensionné avec près de 300 salariés en sursis.

Et quand il s’est agi de disputer mardi le match le plus important de leur saison devant le gendarme financier, en appel au siège de la Fédération française (FFF), le président Lopez et ses associés ont failli.

Malgré leurs pièces rajoutées au dossier, comportant notamment un accord avec les créanciers King Street et Fortress, des garanties avec l’ouverture d’une ligne de crédit obligatoire, ainsi qu’une ordonnance du Tribunal de commerce de Bordeaux démontrant « le sérieux d’une restructuration financière ainsi que la fin des difficultés de la société FCGB » si le club était maintenu en L2, ils n’ont pas réussi à convaincre.

Tombé de haut, Lopez a évoqué mardi « une décision injuste, inacceptable et incompréhensible », ajoutant qu’il se battrait « jusqu’au bout et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’exercer un recours (saisine du CNOSF ou du juge des référés du tribunal administratif) contre cette décision inique ».

« Marche de la survie »

« Je ne comprends pas pourquoi ce qu’a validé le tribunal de commerce, la DNCG ne l’a pas validé. Ça c’est quand même un des grands mystères », a déclaré mercredi Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, propriétaire du stade Matmut Atlantique, et avocat de formation sur France 3.

Dès mardi soir, cet élu ainsi que le maire de Bordeaux Pierre Hurmic avaient demandé dans un communiqué commun à la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, que « le CNOSF puisse se prononcer dans un délai compatible avec la reprise de la saison de la Ligue 2 (30 juillet), sur la portée des garanties apportées par les Girondins de Bordeaux auprès de la DNCG ».

Sans réelle garantie d’inversion de décision, au regard des jurisprudences, et avec une grande probabilité de liquidation immédiate du club six fois champion de France, avec perte du statut pro, de l’agrément du centre de formation, disparition de la section féminine et redémarrage en National 3 (5e division) dont la saison débute le 29 août.

Meurtris eux aussi, des supporters ont appelé leur club à se battre, « à jouer le 1 ou 2% de chances qu’il nous reste » selon les mots sur Twitter de Florian Brunet, le leader des Ultramarines.

Le groupe d’ultras a d’ailleurs appelé dans un communiqué à une « marche de la survie » samedi (16h00) dans les rues de Bordeaux.

Quel sera enfin l’état d’esprit des joueurs de David Guion et de ses trois premières recrues (le gardien polonais Rafal Straczek et les défenseurs Yoann Barbet et Vital Nsimba, deux joueurs formés au club) dont les contrats ne peuvent pas être homologués lors du premier match de préparation contre Rodez, prévu mercredi soir à Agen (18h00) ?

Source

Le Quotidien

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