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L’Histoire en marche à l’Assemblée qui entame ses travaux, sans majorité absolue

La seizième législature de la Ve République a débuté mardi à l’Assemblée nationale où, pour la première fois de l’histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, doit accéder au perchoir, au moment où la Première ministre Elisabeth Borne continue les consultations.

C’est le doyen des députés, José Gonzalez (RN), 79 ans, qui a donné à 15h00 le coup d’envoi des travaux de la nouvelle Assemblée dans laquelle les macronistes n’ont pas la majorité absolue.

« Je déclare ouverte la XVIe législature de l’Assemblée nationale », a-t-il lancé, avant de prononcer la constitution du bureau d’âge, composé des six plus jeunes députés. A commencer par le benjamin, le Polynésien indépendantiste Tematai Le Gayic, 21 ans, vêtu d’un lavalava, une tenue traditionnelle océanienne qui peut s’apparenter à une jupe longue.

Dans sa brève allocution saluée par des applaudissements, M. Gonzalez a salué un « symbole d’unité française » avec la réunion de tous les députés, et évoqué avec émotion l’Algérie, sa terre natale à laquelle il a dit avoir été « arraché ».

M. Gonzalez a ensuite lancé le vote à bulletin secret – dans une urne à la tribune – pour la présidence de l’Assemblée.

Favorite, Yaël Braun-Pivet, ex-présidente de la commission des Lois de l’Assemblée et éphémère ministre des Outre-Mer, est arrivée en tête à l’issue du premier tour (238 voix). Mais, faute de majorité absolue (289 voix), l’hémicycle doit procéder à un second tour.

Entre temps, le candidat présenté par le Rassemblement national, Sébastien Chenu (89 voix) a indiqué retirer sa candidature. Restent en course, outre Mme Braun-Pivet, Annie Genevard (LR), Nathalie Bassire (groupe Libertés, indépendants, outre-mer, territoires) et Fatiha Keloua-Hachi (Nupes-PS).

Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, un troisième vote aura lieu, au terme duquel une seule majorité relative sera suffisante pour être élu au Perchoir.

Tractations

Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, aucune femme n’a encore jamais occupé cette fonction en France.

Les différents groupes parlementaires, au moins dix avec le nouveau groupe finalement baptisé « Libertés, indépendants, outre-mer, territoires », ont par ailleurs jusqu’à 18H00 pour se déclarer officiellement et remettre la liste de leurs membres, ce qui permettra enfin à la majorité et à l’opposition de se compter.

Un député de la majorité parie que celle-ci en comptera « 254 à la clôture » avec les alliés d’Horizons et du MoDem, dont 174 élus LREM, loin de la majorité absolue de 289 députés.

Dans les jours à venir seront encore attribuées les présidences des principales instances de l’institution, dont la commission clef des Finances jeudi, que se disputent la Nupes qui a choisi l’Insoumis Éric Coquerel et le RN pour une bataille qui promet d’être acharnée.

Au moment où les travaux reprennent au Palais Bourbon, Élisabeth Borne poursuivait ses tractations pour éviter les blocages en l’absence de majorité absolue.

La Première ministre entre dans le dur en rencontrant à tour de rôle les chefs des groupes LR, socialiste, communiste et écologiste de l’Assemblée.

Dans une lettre qu’elle leur a adressée lundi, elle a pris acte de leur refus « d’entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d’accord global avec le groupe majoritaire ».

Pouvoir d’achat

Ce que lui a confirmé son premier interlocuteur mardi matin, Olivier Marleix (LR). « On lui a redit qu’il n’était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu’on était là pour essayer de trouver des solutions. On va avoir un certain nombre de textes sur lesquels je pense qu’on doit pouvoir travailler ensemble, comme la question du pouvoir d’achat », a-t-il insisté sur le perron de Matignon.

Mais, a-t-il prévenu, « cela va être plus ou moins facile selon les sujets, et ça dépendra à terme de la capacité d’écoute de l’exécutif », en reconnaissant que la Première ministre avait fait preuve mardi « d’une vraie volonté de nous écouter, plutôt de bon augure ».

Les prochains chefs de groupe attendus à Matignon sont Boris Vallaud (PS) à 19H00, puis Julien Bayou et Cyrielle Chatelain (EELV) à 20H00.

Mercredi, Mme Borne recevra successivement André Chassaigne (PCF) à 08H30, Mathilde Panot (LFI) à 16H00, puis la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen.

Un décret du chef de l’État convoquant le parlement en session extraordinaire et fixant les textes qui seront examinés est attendu « dans les prochaines heures », précise la lettre de Mme Borne, évoquant les mesures en faveur du pouvoir d’achat et le projet de loi de finance rectificative.

Le président Emmanuel Macron attend de sa part en fin de semaine des propositions « pour une feuille de route » et la composition d’un nouveau gouvernement prévu pour début juillet.

La question du maintien de Damien Abad dans ce gouvernement se pose, alors qu’une plainte pour tentative de viol a été déposée contre le ministre déjà visé par d’autres accusations d’agressions sexuelles. Il a annoncé en retour une plainte pour dénonciation calomnieuse.

Source

Le Quotidien

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