Fauché par un motard ivre le soir du réveillon de Noël, le militant saint-andréen était décédé sous les yeux de ses proches. Le chauffard a été condamné à quatre ans de prison, dont 18 mois ferme.
Six mois ont passé, et l’émotion est toujours aussi vive dans la famille de Jean-Paul Ciret. L’enseignant retraité et figure du PCR de Saint-André, mortellement fauché le 24 décembre dernier au soir devant son domicile de Petit Bazar, manque terriblement à ses proches, en particulier son épouse et ses quatre filles. Pour elles, deux jours de fête seront désormais associés pour toujours à la mort de leur père et mari : le réveillon de Noël, au cours duquel il a succombé, et le 14 juin, sa date de naissance devenue par un malheureux hasard du calendrier le jour de l’audience consacrée à son homicide involontaire.
En larmes, toutes étaient présentes et très entourées hier dans la salle du tribunal correctionnel pour assister au procès de l’homme à l’origine de leur malheur, un motard de 34 ans qui circulait ce soir-là sans permis ni assurance et faisait semble-t-il des wheelings avec 1,41 g d’alcool dans le sang. Jean-Paul Ciret, 77 ans, traversait l’avenue d’Île-de-France après un saut à la boulangerie pour rejoindre sa famille réunie pour le réveillon de Noël. C’est alors que survenait le choc avec la 125 cm3 de Bruno Jaurès qui, après avoir décollé sur un dos-d’âne, allait percuter et projeter la victime une dizaine de mètres plus loin.
Un drame « pas dû au hasard »
Le gendre de Jean-Paul Ciret, sortant du domicile, trouvait l’ancien professeur d’histoire-géo inconscient. Les longues tentatives pour le réanimer resteront vaines. « Un cauchemar pour cette famille, au moment d’un réveillon tant préparé et attendu », souligne Me Rémi Boniface, rappelant, très ému lui aussi, combien la victime était un homme « aimé, apprécié, aidant ».
Outre son métier d’enseignant et son engagement politique et social au PCR, au sein du CEVIF ou auprès des porteurs de handicap, Jean-Paul Ciret était un véritable pilier pour sa famille, s’occupant depuis des années de son épouse gravement malade. Un drame « qui n’est pas dû au hasard ou à la fatalité, mais bien au comportement irresponsable d’un homme », dénonce l’avocat.
Le vice-procureur Philippe Léonardo abonde en ce sens. « Ce n’était pas la faute à pas de chance, d’autant que ce conducteur avait été averti plusieurs fois et avait perdu son permis. » Compte tenu de ces antécédents, le magistrat requiert « une peine lourde » de cinq ans de prison, dont deux ans ferme avec mandat de dépôt.
Lui-même grièvement blessé lors de l’accident, Bruno Jaurès affirme à la barre n’en avoir plus aucun souvenir. Tout en assumant être le responsable. « Il n’a jamais nié, même s’il ne se souvient de rien », précise son avocate. « Il sait qu’il a endeuillé toute une famille et va devoir vivre avec ça. Il n’a plus touché une goutte d’alcool depuis les faits et a trouvé un emploi. Il a pris conscience de son acte », assure Me Sylvie Moutoucomorapoullé.
Après délibéré, le tribunal aura visiblement pris en compte la nouvelle situation du prévenu. Les réquisitions sont revues à la baisse, avec une condamnation à quatre ans d’emprisonnement, dont 18 mois ferme, sans mandat de dépôt à l’audience. Bruno Jaurès, qui conduisait sans assurance, devra sans doute payer toute sa vie pour indemniser les parties civiles.
Add comment