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6e circonscription : Duel entre frères ennemis

Les deux anciennes députées de la circonscription ont été sorties par deux candidats du renouveau. Deux anciens camarades que désormais tout oppose.

Comme une sensation de fraîcheur. Contre toute attente, la circonscription du Beau Pays sera représentée par un député de la nouvelle génération.
Hier soir, 29,45 % des quelque 82 000 inscrits sur les listes électorales ont décidé que le siège de député se jouerait entre Frédéric Maillot, candidat de la Nupes, et Alexandre Laï Kane Cheong (Alek), unique leader du parti Croire et Oser (C & O). Entre deux dalons qui ont grandi politiquement ensemble au sein de cette formation régionaliste pour le meilleur et pour le pire.

Nadia Ramassamy sort par la petite porte

Les deux trentenaires avaient trusté ces dernières années la niche de la contestation sociale et identitaire jusqu’à leur clash dans l’entre-deux-tours des municipales de 2020. Stratégie divergente, ambition personnelle larvée… Rien ne laissait présager que le «marmaille Chaudron » et le « ti coq Sainte-Suzanne » allaient devoir s’affronter dimanche prochain dans un duel fratricide. Rien ne laissait présager que ces candidats à la barbe fleurie allaient balayer les deux dernières députées de la circonscription.
La sortante (LR), Nadia Ramassamy (1 801 voix seulement, 7e du scrutin sur 13 candidats), sans l’appui de la Région, sans relais à Sainte-Marie, n’a pu rééditer sa performance de 2017. Quant à Monique Orphé (2 513 voix, 4e du premier tour), élue en 2012 sous l’étiquette PS, ses rêves de retour annihilés. Les deux ex-députées n’ont pu s’opposer à l’envie de renouvellement.

Une page de la vie politique se tourne dans la 6e. Et avantage est donné à Frédéric Maillot, vice-président à la Région en charge de l’Économie sociale et solidaire.
Le membre fondateur et guitariste de Lorkès Bann’Dalon, assis sur 5 429 voix, vire en tête de ce premier tour. La dynamique de la Nupes lui a manifestement été favorable. Et sans présager de ce que nous réservent les tractations de l’entre-deux-tours, le protégé d’Huguette Bello semble en situation favorable. Les voix de Monique Orphé ou de Nadine Gironcel-Damour (PCR), arrivée cinquième avec un bon paquet de 2 505 voix pourraient lui revenir. Soit un potentiel de l’ordre de 10 000 voix.

Derrière, Alek, opposant au maire communiste de Sainte-Suzanne et élu à la Cinor, ne dispose pas, en théorie, des mêmes réserves de voix. Sans doute tentera-t-il de se rapprocher d’Eric Leung.

Le candidat centriste soutenu par Emmanuel Macron n’a pas démérité. Pour sa première candidature, l’entrepreneur a convaincu 3 262 électeurs de voter pour lui. Toujours sur le papier, si Alek voulait tendre le match, les voix du RN (1 997 voix) représenté par Valérie Legros, descendante d’Auguste, lui seraient nécessaires. Mais c’est plutôt en direction des nombreux abstentionnistes que des ponts seront jetés.


Le traître contre le dictateur

Mais une surprise n’est pas à exclure. Les échanges promettent d’être virulents entre les deux anciens dalons. Dès hier, Alek s’est présenté comme le candidat qui « a toujours su rester fidèle à ses engagements ». Tandis que Frédéric Maillot rappelait qu’au-delà du message de son rival il fallait regarder « la personnalité du messager ».
Hier soir, la troisième salaze du parti C & O, Vanessa Payet-Pignolet, devenue suppléante du candidat PS dans la 1re circo, semblait affectée par cette affiche. « Ce sont deux candidats de qualité, ils sauront défendre l’intérêt des Réunionnais », a-t-elle éludé. Une neutralité bienveillante de circonstance. Depuis leur clash de 2020, les secrets de «l’arrière-boutique » de Croire et Oser n’ont jamais été révélés. L’entre-deux-tours pourrait en faire émerger plus d’un.

Source

Le Quotidien

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