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Grand-messe des militants pro-armes au Texas, trois jours après la tuerie d’Uvalde

Le premier lobby américain des armes, la National Rifle Association, tient vendredi sa convention annuelle à Houston, secouée par une polémique due au timing de l’événement, trois jours après la tuerie de 19 écoliers à Uvalde, à quelques heures de route, ce qui a poussé des politiciens et des stars de la musique country à annuler leur venue.

Si l’ancien président Donald Trump sera bien présent à cette grand-messe de la NRA, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a lui prévu de ne plus s’y rendre. A la place, il donnera vendredi après-midi une conférence de presse à Uvalde.

M. Abbott, grand défenseur du droit à détenir une arme à feu et candidat à sa réélection cette année, s’exprimera tout de même devant les membres de la NRA, dans une vidéo pré-enregistrée, a précisé un de ses porte-parole au journal Dallas Morning News.

Son adjoint, Dan Patrick, ne se montrera pas non plus afin d’éviter « d’ajouter à la douleur des familles », a-t-il dit dans un communiqué.

En fin de matinée, des milliers de fans d’armes à feu déambulaient déjà dans le vaste palais des congrès rempli de stands de fabricants, exposant fusils semi-automatiques et équipement de chasse.

« J’ai des armes à feu dans chaque pièce de ma maison », répondait en riant un sexagénaire, quand on lui demandait si le fusil qu’il envisageait d’acheter serait son premier.

La convention de la NRA, prévue de longue date, arrive juste après qu’un adolescent de 18 ans a ouvert le feu mardi dans l’école primaire Robb d’Uvalde, tuant 19 enfants et deux enseignantes, et plongeant une nouvelle fois l’Amérique dans le cauchemar des fusillades en milieu scolaire.

Signe du malaise, plusieurs stars de la country ont aussi choisi de ne pas venir. Parmi elles, le chanteur Don McLean, connu pour sa chanson « American Pie », qui a jugé qu’il serait « irrespectueux » pour lui de s’y produire.

L’artiste Lee Greenwood, dont le tube patriotique « God Bless the USA » rythme les meetings de Donald Trump, a lui aussi préféré annuler son concert.

Autre absent notable, le fabricant du fusil semi-automatique AR-15 utilisé par l’auteur de la fusillade.

Mais l’influent sénateur conservateur de l’Etat Ted Cruz sera bien présent, tout comme M. Trump, qui a reçu des dizaines de millions de dollars de la NRA lors de ses deux campagnes présidentielles.

La NRA, qui revendique 5 millions de membres, a d’ailleurs précisé qu’en raison de la prise de parole de l’ex-chef d’Etat et pour assurer sa sécurité, les armes à feu seraient interdites dans la salle.

« Prier pour les victimes »

Selon le puissant lobby, les participants à la grande réunion « réfléchiront » à ce qui s’est produit à Uvalde, et « prieront pour les victimes ». La NRA, attaquée par Joe Biden, s’était dédouanée de toute responsabilité dans la tuerie.

A l’extérieur du bâtiment, des manifestants se sont rassemblés avec des pancartes appelant à l’interdiction des fusils d’assaut.

Le démocrate Beto O’Rourke, qui affrontera Greg Abbott aux élections pour le poste de gouverneur en novembre, devrait se joindre à eux.

Dans une scène inhabituelle, signe de la tension grandissante sur la question des armes, il avait interrompu le gouverneur mercredi, en pleine conférence de presse, l’accusant d’être responsable du drame.

La façon dont la police a géré la situation a aussi été critiquée.

Des unités de la police aux frontières sont entrées environ une heure après que le tireur, Salvador Ramos, se soit introduit dans le bâtiment, et l’ont tué. A l’extérieur, des parents attendaient que les forces de l’ordre agissent.

« L’un des proches a dit: +J’ai été militaire, donnez-moi juste un pistolet, je vais y aller. Je ne vais pas hésiter. Je vais y aller+ », a relaté à l’AFP Daniel Myers, un pasteur de 72 ans qui était présent.

« Nouveau Sandy Hook »

La fusillade, qualifiée de « nouveau Sandy Hook » dans la presse américaine, en référence à l’effroyable massacre dans une école primaire du Connecticut en 2012, a réveillé les traumatismes de l’Amérique.

Les visages des très jeunes victimes, âgées de 11, 10, 9 et ans, diffusés en boucle à la télévision, et les témoignages de leurs proches effondrés ont ému le pays, relançant une vague d’appels à mieux réguler les armes à feu.

Ce mouvement a peu de chances de se traduire en actes, étant donné l’absence d’espoir d’une adoption par le Congrès d’une loi nationale ambitieuse sur la question.

Source

Le Quotidien

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