Originaire de la commune du Tampon, le jeune fonctionnaire de 24 ans est placé sous contrôle judiciaire. Il a interdiction de quitter le territoire métropolitain, exception faite pour se rendre sur son île natale.
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Interdiction d’entrer en contact avec ses collègues, interdiction de paraître à Paris, interdiction de porter une arme, interdiction d’être en contact avec le public dans le cadre de ses fonctions et interdiction de quitter l’Hexagone. Face aux circonstances du drame, les juges d’instruction ont imposé un contrôle judiciaire strict au jeune policier réunionnais auteur des tirs qui ont tué deux hommes et blessé un autre dimanche 24 avril. Cependant, le fonctionnaire, mis en examen pour « homicide volontaire », pourra retourner sur son île natale, La Réunion, une fois toutes les audiences judiciaires terminées.
Yoann Maras, responsable de la section parisienne du syndicat Alliance police nationale, a pu s’entretenir avec le Réunionnais à la sortie du bureau du juge d’instruction. « C’est un jeune homme qui m’a épaté par son calme », assure-t-il au micro d’Outre-mer la 1ère, mais « psychologiquement, c’est très compliqué ».
Originaire de la commune du Tampon, à La Réunion, il est arrivé dans l’Hexagone il y a quelques années. Diplômé d’une école de police en 2019, il était devenu membre d’un groupe d’appui de nuit au sein de la Compagnie de Sécurisation de la Cité (CSC), une unité de police chargée de la sécurité sur l’île de la Cité, située au cœur de la capitale, et où se trouvent la cathédrale Notre-Dame et le Palais de justice.
Dimanche soir, alors qu’il patrouillait avec son équipe sur le quai des Orfèvres, un véhicule, garé à contresens, attire l’attention des policiers. Selon le récit fait par les forces de l’ordre pour justifier leur intervention, le véhicule, se dérobant au contrôle de police, aurait foncé sur le fonctionnaire réunionnais et son major. Seul policier armé d’un fusil d’assaut, le jeune homme de 24 ans tire alors sur le conducteur, tuant les deux passagers assis à l’avant et blessant l’homme situé sur la banquette arrière. Selon Yoann Maras, il a donné les premiers soins aux victimes, en attendant l’arrivée des secours.
La qualification qui a été retenue par les juges est celle d' »homicide volontaire ». Lui, à aucun moment il n’a fait usage de son arme pour tuer. Il a fait usage de son arme pour stopper le véhicule qui lui fonçait dessus. Cette qualification est assez choquante.
Yoann Maras, responsable Alliance police nationale à Paris
Les policiers sécurisent le Pont-neuf, à Paris, où deux passagers d’un véhicule ont été tués par un gardien de la paix, le 24 avril 2022.
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Mis en examen, il peut toutefois continuer d’exercer son métier – bien qu’il soit actuellement arrêté pour blessure en service, suite au choc psychologique causé par la mort des passagers. « S’il souhaite reprendre le travail, ce sera forcément dans un service qui permet de concilier toutes ses contraintes du contrôle judiciaire, explique Yoann Maras. C’est-à-dire un service à l’extérieur de Paris, qui n’est pas au contact du public et sur lequel il n’a pas besoin d’être armé. »
Sa « tourmente judiciaire » ne faisant que commencer, les magistrats qui l’ont mis en examen ont cependant permis au gardien de la paix de retourner à La Réunion, auprès de sa famille. « Aujourd’hui, dans la police nationale, votre seconde famille, ce sont souvent vos collègues, surtout quand vous êtes arraché de votre territoire d’origine », avance le responsable d’Alliance, qui précise que le Réunionnais vit seul en Île-de-France. En revanche, reste à voir si l’administration acceptera de le muter là-bas, des règles strictes encadrant le mouvement des agents de police au sein du territoire.
En février, celui qui est aujourd’hui mis en examen s’illustrait en portant secours à une femme qui avait sauté dans les eaux glaciales de la Seine pour se suicider. Il devait recevoir une médaille à cette occasion.
Les syndicats Alliance et Unsa appellent à un rassemblement, lundi midi, sur la place Saint-Michel à Paris. « Ce rassemblement a deux buts : le premier, c’est de montrer notre soutien à notre collègue. Et on le lui montre depuis le début, il en est conscient. La deuxième chose, c’est pour montrer notre mécontentement sur la qualification [d’homicide volontaire]. Ce n’est pas la mise en examen que l’on remet en cause, c’est la qualification », précise Yoann Maras. « C’est un policier dont aujourd’hui, on devrait être fier. »
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